Afin de faciliter les étapes de la vie terrestre et d’assurer la transition de l’esprit de la naissance jusqu’à la mort et plus tard la réincarnation, les Balinais suivent pendant leur vie des rites de passage : le rite prénatal, celui de la naissance, le limage des dents, le mariage et la crémation.

Le limage des dents, appelé potong gigi en indonésien et matatah en balinais, doit être obligatoirement pratiqué avant le mariage. Ce rite, qui marque le passage de l’adolescence à l’âge adulte, a pour rôle de débarrasser l’esprit des jeunes personnes de leurs traits négatifs et de réduire leurs vices.

La cérémonie, organisée à une date propice du calendrier balinais, est aussi belle que festive. La maison est soigneusement décorée, la famille et les convives portent leurs plus beaux habits.  Les offrandes sont partout.

La personne qui lime les dents est appelée sangging, rôle généralement réservé aux prêtres de la caste des Brahmanes. Le sangging suit un rituel bien précis. Après avoir été bénis, les candidats au limage des dents prennent place dans le bale gading, le pavillon d’ivoire où le dieu de la beauté, Dewa Kama, est honoré lors de la cérémonie. Parents et proches se tiennent à côté pour chasser les démons. Les dents sont d’abord tuées symboliquement par un mantra, puis limées à l’aide d’une petite lime nommée kikir, avant d’être ressuscitées par un nouveau mantra.  La poudre de dents est ensuite crachée dans une noix de coco qu’on enterre plus tard près du sanctuaire familial.

Seules les quatre incisives et les deux canines de la mâchoire supérieure sont limées. Selon les Balinais, ce sont dans ces dents que se cachent les sad ripu, les six ennemis responsables des mauvais comportements humains : kama (le désir), loba (l’avidité), kroda (la colère), mada (la saoulerie), moha (la confusion) et matsaria (la jalousie, l’envie).

En réduisant l’influence de ces six ennemis, le limage des dents permet aux Balinais d’adopter plus facilement un comportement halus, c’est-à-dire noble et raffiné, en repoussant le côté kasar, qui désigne la grossièreté et le comportement animal dont les balinais ont un profond dégoût.

L’individu ainsi débarrassé de ses canines trop pointues est désormais plus beau mais aussi plus pur. Il pourra vivre en bonne santé et avoir une vie sociale et familiale saine.