Le batik est une technique de teinture des tissus originaire de Java. On retrouve des batiks dans plusieurs pays comme la Malaisie, l’Inde, la Chine, le Togo et la Côte d’Ivoire, mais le batik javanais reste le plus élaboré de tous.
Le mot batik vient du javanais titik qui signifie point. Certains javanais vous diront avec le sourire que batik est le raccourci de banyak titik (beaucoup de points). Au-delà du jeu de mots, le raisonnement est correct car il faut en effet beaucoup de points et donc de patience pour obtenir un vrai batik traditionnel.
La première étape consiste à tracer le motif à la craie ou au crayon sur un tissu de soie ou de coton blanc. Puis on recouvre de cire les parties de l’étoffe qui doivent rester vierges de couleur. Pour obtenir des couleurs naturelles, des écorces d’arbres et des extraits de végétaux sont bouillis dans différents bacs. Le tissu est ensuite immergé dans ces bains colorants puis séché, trempé dans l’eau bouillante pour enlever la cire, puis séché à nouveau. Le processus est répété jusqu’à obtenir le nombre de couleurs souhaité, de la couleur la plus claire à la plus foncée.
Traditionnellement, les artisans utilisent un tuyau en bambou muni d’un bec en cuivre pour appliquer la cire. Selon la complexité du dessin, l’obtention d’un batik peut demander des centaines d’heures de travail. Les plus recherchés des batiks sont ceux qui ont été entièrement conçus selon cette technique traditionnelle. On les appelle les batiks tulis (batiks écrits), qui se distinguent des autres batiks, les batiks cap conçus à l’aide de tampons et de couleurs artificielles, par la qualité de l’impression et la coloration parfaite des deux côtés du tissu. Si vous observez un batik des deux côtés, et que l’un d’entre eux est plus pâle que l’autre, vous n’avez pas entre les mains un vrai batik tulis.
Java compte trois grands foyers de conception du batik : Yogyakarta, Surakarta (Solo) et Cirebon sur la côte nord. Au 19e siècle, on comptait plus d’un millier de motifs dont certains étaient réservés à la cour et aux membres de l’aristocratie. A Java centre, les deux couleurs de base étaient l’indigo et le brun, déclinés dans de nombreuses nuances élaborées à l’aide d’ingrédients variés comme le sucre de palme, la banane ou le melon fermenté. Au nord, le batik n’a pas échappé aux multiples influences chinoises, européennes et islamiques. Le batik de Cirebon se caractérise ainsi par ses motifs originaux et ses couleurs variant du jaune au bleu pâle, en passant par le vert, l’ocre et le rouge.
Aujourd’hui, vous pouvez retrouver toutes sortes de batiks sur les étalages des marchés de Yogyakarta et Solo, la majorité des artisans de la côte nord ayant déménagé vers ces deux places plus touristiques. L’un des meilleurs endroits pour acquérir un superbe batik tulis reste le village d’Imogiri, à quelques kilomètres de Yogyakarta. Vous pourrez même y être initiés, selon la technique traditionnelle, à la confection de ce tissu inscrit en 2009 par l’UNESCO sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité et qui est l’une des fiertés des habitants de Java.