Aujourd’hui objet de spectacles organisés pour les touristes, la danse du Barong revêt un caractère sacré lorsqu’elle est organisée par un village dans le but de chasser les mauvais esprits.

S’inspirant d’un épisode tiré du Mahabharata, poème épique sanscrit, le spectacle met en scène l’opposition entre le Barong, créature mythique symbolisant le bien, et Rangda, la reine de la mort, personnification du mal. Le personnage du Barong est interprété par deux danseurs qui portent le très beau costume constitué d’une grande tête d’animal en bois coloré, ornée d’une couronne  et d’un imposant collier, et d’un long corps en peau de vache se terminant par une queue.

Toute une kyrielle de personnages accompagne les deux protagonistes. Parmi ceux-ci, les disciples du Barong qui jouent un rôle très important en fin de représentation. Cette dernière partie du spectacle est appelée la danse du kriss, ce poignard traditionnel à qui l’on confère des pouvoirs magiques. Progressivement entrés en transe sous l’effet des pouvoirs du Barong, les danseurs se précipitent sur Rangda avec leur kriss. Mais Rangda retourne leur arme contre les danseurs qui tentent alors de se suicider en enfonçant le kriss dans leur poitrine. Seule la force magique positive du Barong leur permettra de raidir suffisamment leur peau pour empêcher la lame de pénétrer. Les danseurs s’évanouissent alors et il faut l’intervention d’un prêtre pour les réveiller. Généralement mimée lors des représentations données pour les touristes, cette transe est en revanche non simulée lors des authentiques Barong et leur violence peut être très impressionnante.

A la fin du spectacle, les masques du Barong et de Rangda sont soigneusement rangés dans une pièce du temple qui leur est spécialement réservée, dans l’attente d’une nouvelle danse. En effet,  la victoire du Barong, et donc du bien sur le mal, qui conclut habituellement la danse, n’est que temporaire et demain la lutte recommencera. Tel est le vrai message du Barong, inspiré d’un concept philosophique, le rwa bhineda : le bien et le mal, la bonté et la méchanceté ont toujours coexisté et s’affrontent chaque jour en chaque être humain. Ce sont les lois de la nature, immuables, mais qu’il est toujours possible de combattre en essayant de favoriser le côté positif qui nous habite au détriment de notre côté négatif.