Le Borobudur est le plus grand monument bouddhique du monde et le plus ancien d’Asie du sud-est. Il fut édifié par la dynastie Saïlendra entre 775 et 856, soit trois bons siècles avant Angkor.

Le Borobudur a une architecture surprenante, qui frappe l’œil du visiteur dès le premier regard. Il a été érigé sur une colline, à 265 mètres au-dessus du niveau de la mer.

Bien que qualifié de temple, le Borobudur est en réalité un gigantesque stûpa. A la différence d’un temple, qui est la maison d’une divinité, un stûpa est un sanctuaire dédié à Bouddha qui ne comporte pas d’espace intérieur destiné au culte. Le Borobudur peut être toutefois considéré comme un temple car il est devenu un lieu de pèlerinage pour les bouddhistes d’Indonésie.

Ces pèlerins parcourent lors de leur procession les différentes galeries qui constituent le Borobudur, guidés par un système d’escaliers et de corridors leur permettant d’atteindre la plate-forme la plus haute. Chaque plate-forme représente une étape du chemin vers l’illumination selon la cosmologie bouddhiste : Khamadatu, la sphère inférieure et matérielle du Monde, Ruphadatu, la sphère médiane de la forme et de l’ascension et enfin Arupadhatu, la sphère supérieure du détachement du monde.

La base du Borobudur évoque la vie sur terre, avec ses jouissances et ses douleurs. Cette base a été ensevelie sous terre à une période non définie, sans doute pour consolider le bâtiment ou alors pour occulter les réalités terrestres. Le pèlerin, comme le simple visiteur, débute donc l’ascension du Borobudur directement à la seconde sphère. Celle-ci comporte quatre terrasses carrées constituées par une série de galeries que l’on doit suivre dans le sens des aiguilles d’une montre. Les galeries sont richement décorées par des panneaux en relief racontant la vie du prince Siddharta Gautama avant de devenir le Bouddha. Elles sont couronnées par de nombreuses statues de Bouddha abritées dans des niches. Après avoir suivi ces galeries, le pèlerin débouche sur une nouvelle série de trois terrasses circulaires, ultime étape transitoire entre le monde du Ruphadatu et la sphère de l’Arupadhatu, représentée par le plus gros des stûpas  qui culmine le Borobudur. Bordant ces plate-formes circulaires, 72 stupas perforés abritent autant de statues du Bouddha.

Vu du ciel, le Borobudur a également la forme d’un mandala vajrayana représentant la cosmologie bouddhiste.

Aujourd’hui encore de nombreux bouddhistes viennent en pèlerinage au Borobudur la nuit de la pleine lune de mai. C’est le jour du Waisak qui célèbre l’anniversaire de la naissance et de la mort de Bouddha. Ce ne fut pourtant pas toujours le cas.

En effet, le Borobudur fut abandonné vers le milieu du 10e siècle, à la même époque du transfert du pouvoir local vers Java est, et fut rapidement englouti sous la végétation et les cendres volcaniques du Merapi. Il fallut attendre près d’un millénaire et l’initiative du gouverneur anglais Thomas Stamford Rafles pour dégager le prestigieux monument.

Mais ce n’est qu’à partir de 1907, après l’arrivée des hollandais et tout particulièrement du Dr Van Erp que les premiers travaux de restauration furent entrepris. Un chantier de cinq ans permit de sauver l’édifice, alors menacé d’effondrement sous l’effet d’importantes infiltrations d’eau.

Le temple fut à nouveau délaissé lors des deux guerres mondiales puis lors de la guerre d’indépendance. Deux tremblements de terre en 1961 lui infligèrent de nouveaux dégâts. Finalement, l’Unesco décida d’apporter son soutien financier pour permettre le sauvetage du temple. Les travaux débutèrent en 1973 et se terminèrent 10 ans plus tard. La réouverture du site au public fut inaugurée par le président Suharto le 23 février 1983. Aujourd’hui le Borobudur est devenu le monument le plus visité en Indonésie, un site incontournable lors d’un voyage à Java centre.